Paul CELAN

Paul CELAN



Paul Antschel, né le 23 novembre 1920 à Czernowitz, de Léo Antschel, agent commercial dans la vente de bois, et de Friederike Shrager, tous les deux issus de familles juives. À Czernowitz on parle le roumain, l’ukrainien, l’allemand et le yiddish. Chez les Celan, on parle le haut allemand, le hochdeutsch. La Bucovine a depuis des siècles formé le cœur historique du « Haut Pays » de la principauté de Moldavie, avant d’être intégrée dans l’Empire austro-hongrois de 1775 à 1918, devenant multiethnique, puis de rejoindre le royaume de Roumanie en 1918 à l’issue de la Première Guerre mondiale. En 1938, Paul Celan décroche le bac roumain et part étudier la médecine en France, fuyant par la même occasion l’antisémitisme ascendant de l’Europe centrale. Il fait une halte à Berlin, la veille de « La Nuit de cristal », et ne peut que constater la venue du temps des loups. Paul Antschel étudie à l’École préparatoire de médecine et de pharmacie de Tours, en même temps qu’il découvre le surréalisme en lisant André Breton et Paul Eluard. Il décroche en 1939 le P.C.B (Diplôme de Physique-Chimie-Biologie). Il vit dans la solitude et le dénuement et regagne Czernowitz le temps des vacances en juillet 1939, mais l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale le 3 septembre, le place devant l’impossibilité de poursuivre ses études de médecine à Tours. Il décide de suivre des cours de langue et de littérature françaises à la Faculté des Lettres de Czernowitz.

Le 28 juin 1940, la Bucovine est partagée en deux comme le prévoyaient les accords du Pacte germano-soviétique : l’Armée rouge au Nord, la Wehrmacht et l’armée roumaine du fasciste Antonescu, au Sud, où l’antisémitisme est attisé par les partisans de Codreanu, appelés « légionnaires ». Les Soviétiques occupent Czernowitz. Après l’hébreu, le roumain et le français, Antschel étudie le russe par obligation, à l’université, devenue russo-ukrainienne. Le 22 juin 1941, les Nazis rompent le Pacte qui les lient aux Soviétiques et attaquent l’URSS. La Roumanie s’allie à l’Allemagne et obtient le retour de la Bucovine (jusqu’en 1945) à l’intérieur de ses frontières. Le 5 juillet, les troupes roumaines entrent dans Czernowitz et se livrent à des pillages et à des massacres à l’encontre de la population juive. Le 7 juillet c’est au tour de l’Einsatzgruppe nazie de rentrer dans Czernowitz : plus de deux mille Juifs sont assassinées. Les Soviétiques ont déporté en Sibérie quatre mille personnes, essentiellement de confession juive. Les fascistes roumains incendient la grande synagogue et instaurent, le 11 octobre, un ghetto pour les Juifs, qui sont également déchus de leur citoyenneté et forcés de porter l’étoile jaune. Tous les Juifs de 18 à 50 ans doivent s’inscrire au travail obligatoire. Paul Antschel n’y échappe pas. Ses parents sont arrêtés fin juin 1942 lors d’une nouvelle vague de déportations. Le 18 août, ils sont transférés en Ukraine, dans le camp de Michailovka. Paul Celan échappe à la rafle car il s’est caché dans une usine, où ses parents n’ont pas voulu le suivre. La culpabilité de n’être pas resté avec eux, le gagne certainement. Celan est envoyé dans tour à tour dans trois camps de travail forcé, en Moldavie, jusqu’en février 1944. Il apprend en automne 1942, que son père est mort du typhus et, par un cousin évadé d’un camp, que sa mère a été tuée durant l’hiver d’une balle dans la nuque.

Ce meurtre creuse un trou dans la langue maternelle, qui est l’allemand, la langue des bourreaux, et c’est dans ce trou qu’il devient poète et écrit ses poèmes. Pour lui, il n’est plus question de vivre, mais de survivre. Et survivre, c’est créer, c’est écrire, et il écrit ! Tout d’abord dans l’influence de Trakl, Hölderlin, Novalis et Rilke, mais un Rilke qui aurait connu le surréalisme et la culture hassidique. En avril 1944, les Soviétiques bombardent Czernowitz qu’ils réoccupent à nouveau. En juin 1945, Celan devient lecteur chez un éditeur de Bucarest spécialisé en littérature russe. Il prend alors le pseudonyme de Celan (anagramme de Ancel, son nom de famille en roumain), signe de nombreux articles, des poèmes, et fréquente le groupe surréaliste de Bucarest.

En 1947, plus rien ne retient Celan en Bucovine comme en Roumanie, les deux étants sous la botte de Staline. Sa famille a été décimée et Ruth Lakner sort à présent avec le fiancé d’Edith Silberman, sa meilleure amie. Ne pouvant, de son propre aveu, s’adapter au nouveau régime politique, Celan quitte clandestinement la Roumanie fin novembre, pour l’Autriche, où il rencontre et noue une passion qui ne se démentira pas avec la poète et romancière Ingeborg Bachmann. Puis, Paul Celan quitte l’Autriche et Vienne « cette ville en ruines morales, avec les nazis toujours attablés aux cafés » comme l’écrit Gil Pressnitzer. Pas question pour lui de se rendre en Allemagne qui est sa « terre d’angoisse », mais en France, à Paris, la ville lumière, le 13 juillet 1948.

Le 7 novembre 1951, par l’intermédiaire de son ami Isac Chiva, Paul Celan rencontre Gisèle de Lestrange, appelée à devenir une grande artiste graveuse. Dès la fin du mois, Gisèle et Paul entretienne une liaison amoureuse : Le couple s’installe ensemble en juillet 1952 et se marie le 23 décembre 1952. Pour Gisèle, cette période est synonyme d’émancipation par rapport à son milieu, qui est celui de la vieille aristocratie catholique française, pétainiste et antisémite, qui ne voit pas d’un bon œil sa relation avec « un Juif apatride de langue allemande ». Gisèle de Lestrange, outre l’amour et la complicité qu’elle entretient avec Paul Celan souffre, et pas seulement des infidélités de son mari. Les années 60 voient l’état mental de Paul Celan se détériorer et les internements se succéder.

Celan, schizophrène, souffre d’hallucinations chroniques, de dépressions et de délires paranoïaques. L’affaire Goll n’arrange rien. Claire Goll, la veuve de son défunt ami Yvan Goll, accuse Celan, dès 1953, de plagier l’œuvre de son mari et lance une véritable campagne de calomnie contre Celan qui dure jusque dans les années 60. Celan en souffre énormément jusqu’à la fin de sa vie. En 1952, sur l’insistance d’Ingeborg Bachmann, Celan est accueilli pour une lecture de son poème Todesfugue, consacrée à la Shoah et à l’assassinat de sa mère, par les poètes et écrivains du Groupe 47. C’est un désastre. Il est moqué (on compare sa diction à celle de Goebbels) et traité comme un chien par cette nouvelle élite littéraire et intellectuelle allemande, dont certains portaient l’uniforme de la Wehrmacht quelques années plutôt, alors que sa mère était abattue d’une balle dans la nuque. À cette époque, il ne faut surtout pas parler de la guerre et des crimes contre l’humanité des Allemands.

En France, même, en 1956, le documentaire Nuit et Brouillard d’Alain Resnais, du nom de la directive nazie de 1941 sur les camps de concentration, doit affronter la censure. L’auteur du scénario et du texte lu pendant le film est le poète Jean Cayrol, arrêté en 1942, après avoir été dénoncé, puis déporté Nacht und Nebel au camp de concentration de Mauthausen. Le pouvoir veut faire oublier les années de collaboration. On exige de Resnais qu’il enlève une image d’archive montrant un policier français dans le camp de Pithiviers. Le chanteur Jean Ferrat, né Jean Tenenbaum, en 1930, fils d’un juif russe passé par Drancy et mort à Auschwitz, ne veut pas oublier. Mais, en 1963, l’heure est à la réconciliation avec l’Allemagne et, dérangeante, la chanson Nuit et brouillard de Jean Ferrat, sur la Shoah, manque d’être enterrée. Robert Bordaz, directeur de l’ORTF en 1963, déclare que la chanson est « inopportune ». L’Élysée lui a soufflé que ce brûlot sur les camps de concentration est « fortement déconseillé ». Le général de Gaulle et Konrad Adenauer rebâtissent l’Europe : il ne faut pas les troubler. Inopportun, donc, le souvenir des milliers de déportés qui traversent la nuit de leurs ongles battants. Cette chanson, Jean Ferrat l’a écrite d’une traite, lors d’un séjour en Bretagne, devant le silence gêné de parents interrogés par leurs enfants sur des blockhaus allemands. La Lune se taisait, comme vous vous taisiez, chante Ferrat, évoquant la passivité de nombreux Français pendant les années De l’Occupation. Ferrat s’accroche, comme d’habitude. il ne lâche rien et certainement sur un tel sujet. En 1964, il reçoit le prix de l’académie du disque Charles Cros. Pour lui, c’est le début de la reconnaissance, mais surtout, Nuit et Brouillard est devenue l’un des plus grands titres de l’histoire de la chanson française.

En décembre 1952, paraît à Stuttgart, ce que Celan considère comme son véritable premier livre Mohn und Gedächtnis (Pavot et mémoire). Le 7 octobre 1953, le couple Celan accueille François, son premier enfant, mais dès le lendemain, c’est le drame, l’enfant décède près de trente heures après l’accouchement. Éric, le second fils, naît en bonne santé, le 6 juin 1955. La même année, Paul Celan obtient la nationalité française et publie son livre, Von schwelle zu schwelle (De seuil en seuil). Suivent : Sprachgitter (Grille de parole) en 1959, Die Niedmandrose (La Rose de personne) en 1963, Atemwende (Renverse du souffle) en 1967, Fadensonnen (Soleils-filaments) en 1968, Lichtzwang (Contrainte de lumière) en 1970, Schneepart (Partie de neige) en 1971, Zeitgehöft (Enclos du temps) en 1976, et Gedichte aus dem Nachlass (Poèmes du fonds posthume) en 1997.

Le poème de Celan est souvent court, concis et recentré sur la langue : Près des portes du rêve, non dissimulé, - un œil solitaire se bat. - Il lui suffit de savoir - ce qui se passe chaque jour : - à la fenêtre d’Est - lui apparaît quand il fait nuit l’oblongue - silhouette voyageuse du sentiment. Traducteur de talent, faut-il le rappeler, Celan traduit en allemand Rimbaud, Valéry, Blok, Supervielle, son ami René Char et bien d’autres. Il est également l’auteur de deux textes majeurs en prose : Le Dialogue dans la montagne (1959) et Le Méridien (1960).

Pour Celan, la poésie est le fondement de la vie et le seul recours possible entre lui et l’autre, lui et le monde. Le poème se rétracte malgré tout sur lui-même pour se perdre dans l’absence. Au milieu de tant d’inhumanité, que pouvait-il rester au poète ? Celan apporte lui-même les prémices d’une réponse : « Accessible, proche et non perdue, au milieu de tant de pertes, il ne restait qu’une chose : la langue. Elle, la langue, restait non-perdue ; oui, malgré tout. Mais il lui fallut alors traverser les propres absences de réponse. Traverser l’horreur des voix qui se sont tues. Traverser les mille ténèbres des discours porteurs de mort. Elle traversa et ne trouva pas de mots pour ce qui était arrivé. Mais elle traversa cet événement et put remonter au jour, « enrichie » de tout cela. C’est dans cette langue que, au cours de ces années-là et de celles qui suivirent, j’ai essayé d’écrire des poèmes, afin de parler, de m’orienter, afin de savoir où j’étais et où cela m’entraînerait, afin de me donner un projet de réalité. »

À compter de 1962, Gisèle et Paul Celan vivent entre Paris et leur maison de Moisville, dans l’Eure. La Normandie et l’Ouest occupent désormais une place importante dans la celanie, à laquelle se rattache aussi, toujours à l’Ouest, la Bretagne, que Celan découvre avec émerveillement durant l’été 1954 avec Gisèle, lors d’un sacré périple breton. Jugeons-en : Port-Navalo, Concarneau, Saint-Guénolé, pointe du Raz, baie des Trépassés, Douarnenez, plage de Dames, Camaret, Brest, pointe de Pen-Hir, les Tas de Pois, pointe du Tourlinguet, manoir de Saint-Pol-Roux, Camaret, Le Fret, Brest, Le Conquet, Le Pouldu, Josselin). En mai 1957, les Celan sont à Brest pour rendre visite à Odette, la mère de Gisèle, devenue Sœur Marie Edmond, au couvent, après la mort de son mari Edmond marquis de Lestrange, en 1943. C’est à cette occasion que Celan écrit son poème « Matière de Bretagne ». Durant l’été 1960, les Celan sont de retour en Bretagne, à Trébabu, au domaine de Kermorvan (la maison du marin), près du Conquet (Finistère Nord), où les Celan, songent un temps à acquérir une maison.

Kermorvan, c’est un château breton bâti à la Renaissance. Les Celan louent une dépendance du château, entourée d’un grand parc arboré, proche de la mer et d’une presqu’île également baptisée Kermorvan et abritant le fort de Kermorvan. Celan écrit à la poète Nelly Sachs, le 20 juillet 1960 : « Nous sommes depuis huit jours en Bretagne, sous un ciel clair, dans une petite maison à la lisière d’un parc gigantesque, en friche, et qui n’en est que plus accueillant pour les hommes qu’il sait héberger de nombreux lapins. La mer est proche, les personnes que nous rencontrons sont simples et amicales. » La commune de Trébabu (363 habitants) occupe la presqu’île de confluence entre deux petits fleuves côtiers, le Pratséach au nord, et le ruisseau de Kerjean, au sud : ces deux cours d’eau se jettent dans la ria du Conquet. Le couple est de nouveau à Trébabu durant l’été 1961, où Paul Celan écrit une dizaine de poèmes de Die Niemandsrose, dont « Les pierres », « Le Menhir » (poème inspiré par le menhir de Kerloas, près de Plouarzel), « Après-midi avec cirque et citadelle » (poème écrit après avoir visité la rade de Brest), « Kermorvan », « Aphorismes de Kermorvan » et les apophtegmes de « Contre-jours (contre la racaille du jour) », avec le judaïsme pour principal sujet  Les Celan ne reviendront plus en Bretagne ayant choisi de s’installer en 1962, dans l’Eure, en Normandie.

Avril 1970 est le mois fatidique. Celan disparaît. Sa femme imagine une fugue vers Prague. Le 1ermai, soit huit jours après sa disparition, son corps est repêché dans la Seine, à dix kilomètres de Paris, à la hauteur de Courbevoie. Les conclusions de ce sinistre événement portent à croire que le poète s’est jeté dans la Seine du pont Mirabeau, le 20 avril 1970 et que son corps a dérivé. L’enterrement, laïc, de Paul Celan a lieu au cimetière parisien de Thiais, le 12 mai. Le même jour c’est sa grande amie la poète suédoise juive de langue allemande Nelly Sachs, qui meurt à Stockholm, à 78 ans. Trois ans plus tard c’est Ingeborg Bachmann qui perd la vie à Rome, ayant semble-t-il, mis le feu à son lit avec un mégot de cigarette. Auparavant elle a écrit dans Malina, parlant de l’Étranger au long manteau noir : « Ma vie est finie. Il est mort, pendant le transport, noyé dans le fleuve, il était ma vie. Je l’ai aimé plus que ma vie ». Ami de Celan, Yves Bonnefoy écrit : « Je crois que Paul Celan a choisi de mourir comme il l’a fait pour qu’une fois au moins dans sa vie contradictoirement requise par la poésie et l’exil - contradictoirement, car la poésie la plus décolorée garde la nostalgie de la célébration impossible, et le besoin d’au moins quelques proches - les mots et ce qui est se rejoignent. » Paul Celan est le poète de l’exil et du dehors, alors qui ne souhaite pourtant que le bonheur et la rencontre de l’autre, tout en vivant dans la douleur, qui est une blessure qu’il habite. il a combattu jusqu'à y perdre la vie les ghettos de la nuit : Tu vis à côté de moi, pareille à moi : - pierre - dans la joue effondrée de la nuit.

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules)


Œuvres (publiées du vivant de Paul Celan) :

Der Sand aus den Urnen / Le Sable des urnes, Vienne, 1948

Mohn und Gedächtnis / Pavot et mémoire, 1952 

Von Schwelle zu Schwelle / De seuil en seuil, 1955

Sprachgitter / Grille de parole, 1959

Die Niemandsrose / La Rose de personne, 1963

Atemwende / Renverse du souffle, 1967

Fadensonnen / Soleils de fil, 1968

La prose

Der Meridian / Le Méridien, 1961 (Discours prononcé à la remise du Prix Georg-Büchner en 1960)

Gespräch im Gebirg / Entretien dans la montagne, 1959

Les trois recueils posthumes

Lichtzwang / Contrainte de lumière, juillet 1970

Schneepart / Partie de neige, 1971

Zeitgehöft / Enclos du temps, 1976

Œuvres poétiques (traductions en français) :

Schneepart (1971, posthume), poèmes, trad. André du Bouchet, Mercure de France, 1978 (rééd. 1986)

nouvelle traduction : Partie de neige, trad. Jean-Pierre Lefebvre, Seuil, 2007.

La Rose de personne, trad. Martine Broda, Le Nouveau Commerce, 1979 ; rééd. révisée, Éditions José Corti, 2002.

Enclos du temps, trad. Martine Broda, Clivages, 1985.

Pavot et mémoire, trad. Valérie Briet, Christian Bourgois, 1987.

Contrainte de lumière, trad. Bertrand Badiou et Jean-Claude Rambach, Belin, 1989.

De seuil en seuil, trad. Valérie Briet, Christian Bourgois, 1991.

Grille de parole, trad. Martine Broda, Christian Bourgois, 1991.

Renverse du souffle, trad. Jean-Pierre Lefebvre, Seuil, 2003.

Choix de poèmes (en français) :

Poèmes, trad. John E. Jackson, Unes, 1987 — réédition en 2007, suivi d'un essai sur la poésie de Paul Celan, José Corti, 2007.

Strette et autres poèmes, trad. Jean Daive, Mercure de France, 1990.

Choix de poèmes, traduction et présentation de Jean-Pierre Lefebvre, édition bilingue, Gallimard, « Poésie », 1998.

Prose :

Paul Celan (trad. de l'allemand par Stéphane Mosès), Entretien dans la montagne, Michel Chandeigne, 1990.

Entretien dans la montagne, trad. Stéphane Mosès, Verdier, 2001 - Fata Morgana, 2010.

Le Méridien et autres proses, trad. Jean Launay, Éditions du Seuil, 2002.



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : Poètes bretons pour une baie tellurique n° 57